Des Inconnues

Cours de français du Community College de Nanzan Tandai par Jean-François Masseron.

Semestre d'automne 2006 (septembre - décembre).

南山短期大学コミュニティカレッジ・上級フランス語講座・2006年の秋学期

26 février 2007

Modiano, jeune, en video

Modiano a obtenu le prix Goncourt en 1978 pour "la Rue des boutiques obscures".
On peut voir une courte interview de lui dans le journal télévisé de FR3 du jour sur le site de l'INA.
(http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&id_notice=DVC7808284701)

29 janvier 2007

Des noyés

Le thème du noyé (présent dans Des Inconnues I) se trouve dès le deuxième roman de Modiano, La Ronde de nuit (1969) :
Englouti, tout cela. J'ai l'habitude. Je me trouvais déjà à bord du Titanic quand il a fait naufrage. (...) L'auberge, tel un bathyscaphe, échoue au milieu d'une ville engloutie. L'Atlantide ? Des noyés glissent boulevard Haussmann (...) Dix mille, cent mille noyés, avec des gestes d'une infinie langueur, comme les personnages d'un film qui passe au ralenti.
(Éd. Folio, p. 74-75)

"un film qui passe au ralenti" : Cf. Des Inconnues I, "Le type en costume bleu et chaussures de daim n'en finissait pas de quitter la pièce, à reculons. On aurait dit un vieux film que l'on passe à l'envers. (Gallimard p. 15-16)

23 janvier 2007

Les chiens, les chevaux, les chaussures...

Le cours sur Des Inconnues est terminé mais j'aimerais continuer encore un peu ce blog.

Les chiens, les chevaux, les chaussures...
Dans Accident nocturne, le héros, renversé une nuit par une voiture place de la Concorde est emmené à l'hôpital. Il a perdu une chaussure dans l'accident. Il pense à cette chaussure, restée sur la rue et l'associe à un chien.
On ne m'avait pas laissé le temps de récupérer ma chaussure et j'ai pensé qu'elle resterait là, toute la nuit, au milieu du trottoir. Je ne savais plus très bien s'il s'agissait d'une chaussure ou d'un animal que je venais d'abandonner, ce chien de mon enfance qu'une voiture avait écrasé quand j'habitais aux environs de Paris
Depuis son lit d'hôpital, il regard son unique chaussure.
Encore une fois mon regard s’est posé sur la chaussure, au bas de la chaise, de ce gros mocassin que j’avais fendu en son milieu.
Dans son second roman, Ronde de nuit (1969), Modiano écrit :
Je deviendrai même assassin, s'ils le veulent. J'abattrai mes victimes avec un silencieux. (...) Avant de les tuer, je ne quitterai pas des yeux l'une des parties les plus humbles de leur personne : les chaussures. (...) Le pathétique, moi, je le trouve dans les chaussures. (Éd. Folio, p. 25)
Dans Chien de Printemps (1993), le héros rencontre Jansen, un photographe au bout du rouleau dont il s'impose l'archiviste, et qui va disparaître peu de temps après sans laisser de traces autres que dans la mémoire du héros-narrateur :
Je lui ai demandé ce qu'il photographiait.
- Mes chaussures. (Éd. du Seuil, p. 99)
Vous vous souvenez que la première Inconnue, pendant son "examen" d'embauche comme mannequin, rue Groslée, dont l'échec fut si traumatisant pour elle et qui décida de sa fugue pour Paris, marche sans chaussures devant l'homme "au regard d'épervier".
Pour me donner une contenance, je ne quittais pas du regard mes chaussures, au pied de la chaise vide.
- Asseyez-vous, m'a-t-il dit.
J'ai repris ma place, à côté de lui, sur la chaise. Je ne savais pas si je pouvais remettre mes chaussures. (Éd. Folio, p. 14)
La troisième Inconnue est vendeuse chez Barker's à Londres. S'agit-il du magasin de chaussures ?




08 décembre 2006

La deuxième nouvelle

La deuxième nouvelle est facile à dater : la chanson de Charles Aznavour qui "passait souvent à la radio, cet été-là:" (L'amour c'est comme un jour) date de 1962. Et le film La belle Américaine qu'ils ont vu "53 fois" est sorti en 1961.

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Dès les premières lignes, on retrouve les thèmes déjà repérés, dans les deux autres nouvelles ou dans La petite Bijou.

Je suis née à Annecy. ->La Savoie, proximité de la Suisse (Modiano y a été en pension. Villa triste, entre autres, s'y passe). - Situation du lieu dès la première phrase.
Mon père est mort quand j'avais trois ans et ma mère est partie vivre avec un boucher des environs. -> I3, les bouchers, les tueurs, les abattoirs)
Je ne suis pas restée en bons termes avec elle. -> relations difficiles, ou absentes avec les parents. I1 :
"- Et vos parents? Qu'est-ce qu'ils disent de tout ça? J'ai été gênée par cette question. Au moment de quitter Lyon, je n'avais pas eu une seule pensée pour mes parents. Ce n'était pas de l'indifférence, mais, depuis longtemps, je m'éloignais d'eux". I3, aucune mention de la mère dans le présent de l'héroïne.
J'allais quelquefois leur rendre visite, à elle et son nouveau mari, mais je sentais une gêne entre nous. -> la gêne, le sentiment d'être de trop.
Je crois que je lui rappelais de mauvais souvenirs. -> sentiment de culpabilité.
C'était une femme dure et coléreuse, -> La mère de la petite Bijou.
pas du tout sentimentale comme moi. -> I3 se revendiquait comme midinette.
Ses colères me faisaient peur. Elle avait l'écume aux lèvres et elle hurlait avec l'accent du Nord. -> La mère de la petite Bijou. - La propre mère de Modiano avait un accent du nord (Flandres).
(...) Lui, il ressemblait à certains prêtres quand ils ont l'œil sévère et cherchent à savoir les péchés que vous avez commis. -> Le regard d'épervier (I1)
Entre eux, il n'y avait pas d'amour (...)
En tout cas, on aurait dit que l'amour ne l'intéressait pas et même la dégoûtait ->Les hommes qui n'aiment pas les femmes (qui deviennent des bourreaux comme Robespierre ou Hitler, I3)
et que ma naissance avait été, dans sa vie, un accident. -> manque de désir, culpabilité.

Etc.


(à suivre)


07 décembre 2006

La critique du "Monde"

Des Inconnues " Je " est une inconnue par Josyane Savigneau


" Trois récits composent ce curieux livre, ni roman ni recueil de nouvelles. Trois personnes - dont on ignore où elles sont et ce qu'elles font - se remémorent la fin de leur adolescence - entre seize et vingt ans -, quand elles ne savaient pas vraiment d'où elles venaient et encore moins où elles allaient. Ce sont trois personnages emblématiques de l'univers singulier de Modiano, anonymes et inoubliables, entre deux dérives, entre révolte et consentement, lointains et attentifs à la fois, étonnés et pourtant presque résignés, imprévisibles ou trop prévisibles, porteurs de sourdes angoisses nées des atrocités de l'Histoire du XXe siècle, de lourds secrets de famille, d'événements indicibles, d'un passé inexpliqué et qui " ne passe pas ". Mais cette fois, le " je ", la narration à la première personne chère à Patrick Modiano, est au féminin. " Je " est une inconnue, à tous les sens du mot. Et tout ce qui ferait l'histoire, l'anecdote, l'intrigue, dans un autre roman, est ici en creux : la Shoah, la guerre d'Algérie, l'exil, le meurtre, le sexe, le viol, les sectes. Le bizarre, l'incertain, la perdition, le renoncement : voilà ce que traque Modiano depuis trente ans et près de trente livres, solitaire, étrange promeneur dans un Paris perdu, secret et bavard à la fois, beaucoup plus complexe que ne l'imaginent ceux qui célèbrent indéfiniment la " petite musique " de son style en croyant qu'il compose de jolies sonates décoratives. Subversif, Modiano ? Certainement, si on accepte de poser les questions qu'il laisse en suspens. Pourquoi les Français de cette seconde moitié du siècle, qui sont nés, comme lui, vers 1945, ne peuvent-ils pas se regarder ? Qui sont leurs pères et qu'ont-ils fait ? De quoi est-on comptable pour toujours ? Peut-on comprendre et revivre ? Peut-on oublier et survivre ? Peut-on s'enfuir et " vivre en fraude " ? Qu'est-ce que " se souvenir " ? La trace, les identités floues, la mémoire trouée... Des inconnues portent à un point de perfection le jeu de Modiano avec ses obsessions. Comme dans Du plus loin que l'oubli (1996), il s'agit d'emmener le lecteur à la recherche d'un moment de jeunesse. Comme dans Dora Bruder (1997), Modiano pourrait affirmer ici : " Si je n'étais pas là pour l'écrire, il n'y aurait plus aucune trace de cette inconnue. " Ce n'est pas la première fois qu'il s'en va du côté des jeunes filles perdues. Mais qu'il le fasse avec des narratrices change tout. Quand un homme prend le risque d'écrire au féminin, à la première personne, il en dit beaucoup plus long sur la manière dont il voit les femmes que lorsqu'il les fait décrire par un narrateur. Et il en dit plus encore sur ce qu'il pense des hommes. La première inconnue, venue de Lyon à Paris, à dix-huit ans, après avoir raté un entretien d'embauche, alors qu'il lui faut absolument trouver du travail pour gagner son autonomie, rencontre un homme mystérieux, qui se fait appeler Guy Vincent. On est à la fin des années 50 ou au tout début des années 60, pendant la guerre d'Algérie. " Guy ", enfant de la Shoah qui a changé d'identité, est probablement " porteur de valises " pour le FLN. Il a des rendez-vous clandestins, parfois en Suisse. L'inconnue l'accompagne, mais n'est tenue au courant de rien. Un jour seulement elle entend son véritable patronyme, quand Modiano fait surgir dans le récit un Chardonne improbable qui dédicacerait, dans un hall d'hôtel, Vivre à Madère. Elle se laisse aller à cette drôle de vie avec Guy : " La nuit, dans la chambre de l'hôtel, il me posait des questions sur mon enfance et ma famille. Mais, comme lui, je brouillais les pistes. Je me disais qu'une fille aussi simple que moi, qui n'avait qu'un seul nom et qu'un seul prénom, et qui venait de Lyon, ne pouvait pas vraiment l'intéresser. " Un lundi de novembre, lorsqu'elle arrive au rendez-vous, rue Frédéric-Bastiat, Guy n'est plus là. " Il n'y a plus personne ", seulement plusieurs voitures noires devant l'hôtel et un groupe d'hommes sur le trottoir d'en face. Un Algérien qu'elle a déjà vu à Genève lui enjoint de partir : " Pour le moment, vous n'êtes qu'une jeune fille blonde NON IDENTIFIÉE. " Cette inconnue donne en conclusion de son aventure une des clefs du livre, la cohérence des trois histoires : " Des filles que l'on a repêchées dans les eaux de la Saône ou de la Seine, on dit souvent qu'elles étaient inconnues ou non identifiées. Moi j'espère bien le rester pour toujours. " C'est bien un roman de la noyade que Modiano construit, en trois chapitres sans autre lien entre eux que la sensation de l'inconnu. Que faire quand on a le sentiment de se noyer ? Chercher à se sauver ? Trouver quelque chose faisant office de bouée ? Ou bien laisser s'accomplir la disparition ? La deuxième inconnue n'est pas blonde, mais tout aussi " non identifiée ". Elle est née à Annecy. Son père est mort quand elle avait trois ans et sa mère est " partie vivre avec un boucher des environs ". Elle n'est pas restée " en bons termes " avec elle. Sa vie se passe dans un pensionnat à la discipline particulièrement rigoureuse. Pendant les vacances, elle va chez sa tante, à Veyrier-du-Lac, et l'aide à faire le ménage dans les villas des environs. Un avocat parisien en villégiature lui trouve " la beauté du diable " : " Je ne savais pas ce que cela voulait dire et ça m'a fait peur. La même peur que lorsque j'avais entendu dire que mon père était une "tête brûlée". " Un jour, un fils de famille, militaire en permission (il faisait son service en Algérie), bourgeois dédaigneux vouant un amour excessif à sa mère, entraîne la jeune fille dans sa chambre, l'étreint avec maladresse, puis lui lit un passage du livre qu'elle avait déjà remarqué sur sa table de nuit, Comme le temps passe : la pompeuse description, par Brasillach, d'une nuit d'amour, " fraternelle bataille ". Elle éclate de rire. Le garçon l'insulte et la chasse. Après l'été, un dimanche, elle décide de ne pas rentrer au pensionnat. Commence le temps des petits boulots, les retrouvailles avec un ami du père, qui confie à l'inconnue quelques objets ayant appartenu à celui-ci. Parmi ces souvenirs de rien du tout, un revolver. Un soir où elle croyait aller faire du baby-sitting dans une famille pour laquelle elle avait déjà travaillé, elle se retrouve aux prises avec deux hommes bien décidés à s'amuser avec elle, à l'humilier, à la violer. Alors, elle saura s'en servir, du revolver. L'abandon, la violence... il fallait bien que la troisième inconnue s'invente, elle, un refuge. Pour échapper à l'angoisse des chevaux qu'on mène aux abattoirs de Vaugirard, près desquels on lui a prêté un appartement. Pour oublier l'image de René, avec lequel elle vivait à Londres, qui lui a " parlé de ce genre d'hommes pour qui les femmes n'existent pas ". Elle est celle des trois jeunes filles qui exprime le plus constamment son angoisse. Dans l'appartement, dans le métro vide. La peur devient panique dans le métro bondé, dans la foule des couloirs. Elle se sent en sécurité, fugitivement, dans un café du 15e arrondissement qui a ses habitués. Proie idéale pour ceux qui offrent du réconfort à coups de " travail sur soi ", elle va se laisser attirer dans une secte, car " pour rompre sa solitude ", pour apaiser sa terreur de vivre, " on est prête à accepter n'importe quoi "... Il n'y a évidemment pas de morale de l'histoire. Dans aucun des récits. Ce n'est pas dans la manière de Modiano, qui s'est toujours gardé de la démagogie. En revanche, les propos dérangeants, provocants, non conformes, ne lui sont pas étrangers, même s'ils ne sont jamais assénés. Il faut les lire, non pas entre les lignes, mais dans les détails. Ici, le " je " de ses inconnues lui permet d'exprimer une radicale hostilité aux attitudes de certains hommes, à cette complicité, cette grande " fraternité ", cette homosexualité inaboutie qui dictent les comportements de quantité de soi-disant hétérosexuels. Dans ce livre, Modiano va le plus loin possible dans l'observation des relations humaines biaisées, dans la suggestion des dépossessions, des mensonges, des dévastations. Avec, plus que jamais, la délicate alliance de la violence et de l'élégance. "

© Le Monde

01 décembre 2006

Lieux clairs



Ainsi les réunions du groupe d'amis de Michel Kérourédan ont lieu chez Geneviève Peraud, "près de la station Convention", "au début de la rue Dombasle".
Plus précisément : aux numéros 5 et 7.
"Un immeuble clair, étroit, en léger renfoncement, séparé de la rue par une grille et une petite cour." (Ci-contre).

Mireille Maximoff habitait "au bout" de la rue Vineuse. Je ne sais pas si c'est un hasard, mais la rue Dombasle s'appelait autrefois "rue des Vignes"... (Sur la rue Dombasle, ici)

C'est un immeuble clair. Geneviève Péraud, elle, "parlait d'une voix claire, avec un léger accent parisien". Le Docteur Bode, l'héroïne l'image avec des yeux clairs : "À mon avis, c'était un homme au regard clair, dont les mains vous caressaient et apaisaient votre angoisse." Et, effectivement, quand elle voit sa photo au dos de son livre, il a les yeux clairs : " Il m'a tendu un livre cartonné sur la jaquette noire duquel j'ai lu: V. Bode, ln Search of Light and Shadow. Au dos, la photo d'un homme d'une quarantaine d'années, un brun au regard clair, tel que je l'avais imaginé".

L'appartement de la rue Vineuse était "un appartement aux murs clairs". Sans meubles.

Quand l'héroïne 1 quitte Lyon, elle imagine un avenir heureux, et ce bonheur est marqué par la clarté. "Au moment de quitter Lyon, je n'avais pas eu une seule pensée pour mes parents. (...) Un jour, tout deviendrait clair et solide dans ma vie, et je serais heureuse de les retrouver."

On retrouve dans un passage de La petite Bijou beaucoup des éléments de cette nouvelle. Il s'agit du premier rendez-vous de l'héroïne avec Moreau-Badmaev. Je les note en italiques :
Il s'est penché vers moi et il a baissé la voix : « Pourquoi ? Vous n'avez pas le moral ? »
Je n'ai pas été choquée par la question. Je le connaissais à peine, mais, avec lui, je me sentais en confiance.
« Qu'est-ce que vous recherchez exactement dans la vie ? »
Il semblait s'excuser de cette question vague et solennelle. Il me fixait de ses yeux clairs et je remarquai que leur couleur était d'un bleu presque gris. Il avait aussi de très belles mains. « Ce que je recherche dans la vie... » Je prenais mon élan, il fallait vraiment que je réponde quelque chose. Un type comme lui, qui parlait vingt langues, n'aurait pas compris que je ne réponde rien.
« Je recherche... des contacts humains... »
Il n'avait pas l'air déçu de ma réponse. De nouveau, ce regard clair qui m'enveloppait et me faisait baisser les yeux. Et les belles mains, à plat sur la table, dont j'imaginais les doigts longs et fins courant sur les touches d'un piano. J'étais si sensible aux regards et aux mains... (page 35)
Michel Kérourédan est heureux que l'héroïne 3 n'ait "pas d'états d'âme". Cette réponse aurait plus au Docteur Bode. Pourtant, elle a lui dit cela pour se débarrasser d'une question à laquelle elle ne pouvait pas ni ne voulait répondre. Moreau-Badmaev dit à la petite Bijou : « Il y a un mot que vous avez employé tout à l'heure et qui m'a frappé... le mot "fixe"... » Ce mot, pourtant, elle l'avait employé sans y faire attention.

Généralement, dans les textes de Modiano que nous avons étudiés, des indices nous font savoir que l'héroïne, qui raconte son histoire plusieurs années après les événements traumatiques qui la constituent, s'en est finalement sortie. Ici, l'apaisement commence dans le récit même.

*
Chien, enfant, chaussure

Michel Kérourédan a une "façon particulière de porter sa grosse serviette marron sans poignée, comme si c'était un chien ou un enfant".
L'assimilation du chien à l'enfant était déjà dans La petite Bijou, dans un contexte tragique. La mère avait perdu le chien dans le Bois de Boulogne. L'enfant comprend cet abandon comme le signe avant-coureur de son propre abandon : "La peur ne m'a plus quittée. Je me disais qu'après le chien viendrait mon tour" (p. 128).
Dans Accident nocturne, la chaussure du narrateur, accidenté une nuit place de la Concorde, reste sur la chaussée, et il pense à elle comme à un chien écrasé.


24 novembre 2006

Modiano, interview à la publication des Inconnues

"Je suis incapable d'écrire un livre de pure fiction. Alors, j'ai mélangé mes propres souvenirs et ceux des filles que j'ai croisées dans les années 60. Comme l'héroïne du deuxième récit, j'ai souffert de vivre dans un pensionnat près d'Annecy, le collège Saint-Joseph de Thônes, et, comme elle, je m'en suis évadé pour rentrer à Paris en train. Comme celle du premier récit, j'ai vécu dans cette atmosphère trouble de la fin de la guerre d'Algérie. Les très rares fois où j'ai vu mon père, c'était à Genève. J'avais 16 ans, on venait me chercher dans mon pensionnat, je traversais la frontière, et j'arrivais dans le hall de l'Hôtel du Rhône où j'assistais à un mystérieux ballet de diplomates, de dirigeants du FLN, d'hommes cravatés à l'air sombre, c'était une ambiance très étrange, très secrète. Enfin, comme la jeune femme du troisième récit, j'ai connu, toujours près d'Annecy, des disciples de Gurdjieff, et j'étais frappé de constater qu'ils étaient toujours recrutés chez des intellectuels se trouvant dans un état physique désespéré."
À propos du livre "Des inconnues", Nouvel Observateur, 28-01-1999.

Les photos de René

René possédait-il cette photo pour préparer son livre ? (Ici, Himmler)

20 novembre 2006

En marge du cours du 18 novembre : grand huit, billard électrique, 100 francs...

Coïncidence ! Je cherchais une image de grand huit et voici que j'en trouve une qui est la reproduction d'un grand huit sur une vitre de flipper (ou billard électrique).Et toujours dans le domaine des coïncidences, en cherchant des informations sur la Foire du trône, je suis tombé sur... un cheval, emblème de la Foire.Un certain nombre d'écoles, collèges et lycées portent le nom d'Hélène Boucher, une aviatrice qui s'est tuée dans un accident d'avion à 26 ans en 1934.Le lycée Hélène-Boucher qu'a fréquenté l'héroïne est dans le XXè arrondissement, cour de Vincennes (dans le quartier où la petite Bijou retrouve sa mère).

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Jukebox et flipper

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Un des plaisirs de l'héroïne : "Au début, dans mon enfance, c'était d'avoir une pièce de cent francs pour acheter à la boulangerie Nédelec une glace à la pistache ou de monter à la Foire du Trône dans le Grand Huit..."
19 ans en 67-68 : elle est donc née en 1948 ou 49 (3 ou 4 ans plus jeune que Modiano, elle pourrait être sa petite soeur). Elle avait sans doute des pièces de 100 francs (valeur nominale actuelle : env. 0,15 euro) comme celles-ci (la première est une pièce de 1950, la seconde de 1958)
Mais dans la troisième nouvelle, il est question deux fois de "cent francs" :Une pièce (dans l'enfance de l'héroïne) et un billet (au moment de la fiction, 1968). Ce sont alors des "nouveaux francs" qui valent 10 000 anciens francs (15 euros). C'est ce que Michel Kérourédan donne à l'héroïne pour taper son manuscrit. Sans doute un billet comme celui-ci (1964) :
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La boulangerie Nédelec. Nédelec est lui aussi un nom à consonance bretonne. Plus courant que Kérourédan. Voir ici.
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"J'assistais souvent à deux séances de cinéma par jour et j'oubliais ma solitude, assise avec les autres, le soir, dans les petites salles de la rue Champollion, juste avant que le film ne commence. Mais à la sortie du cinéma, une angoisse m'envahissait. Il fallait prendre le chemin du retour, rue de Vaugirard, rue de Rennes, jusqu'à Montparnasse. "(dans La petite Bijou, c'était le Studio 28 qui était cité :
"L'un d'eux me semblait plus intéressant que les autres et j'étais sortie seule avec lui. Il m'avait invitée au restaurant et au Studio 28, un cinéma de Montmartre, pour y voir de vieux films américains. Une nuit, à la sortie du cinéma, il m'avait emmenée dans un hôtel, près du Châtelet, et je m'étais laissé faire. De tous ces gens et de toutes ces sorties, il ne me restait qu'un vague souvenir. Cela n'avait pas compté pour moi. Je ne me rappelais même pas le prénom de ce type. J'avais seulement retenu son nom : Wurlitzer. ")__________
P. 129 : Une église moderne dont je ne savais pas très bien, à cause de l'obscurité, si elle était construite en béton ou en brique...

Monsieur Ito a trouvé la réponse à la question de l'héroïne : elle est en brique.
Et l'architecte est Léon Azéma.
http://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_Az%C3%A9ma

17 novembre 2006

Désormais...

La partie que nous étudierons le 18 novembre commence par désormais.
Désormais marque une rupture entre un avant et un après.

L'avant nous l'avons vu la semaine dernière. L'après c'est d'abord un changement d'habitude de l'héroïne : elle va au café de la Place d'Alleray à partir de 11 heures du matin. En plus des petits événements rassurants qui ponctuent familièrement les après-midi (le bruit du billard électrique de deux heures à deux heures et demie, l'homme brun à blouse blanche de la clinique voisine, le chien qui s'allonge sur le trottoir vers trois heures, les deux hommes en camionnette qui boivent un verre au comptoir, Whiter Shade of Pale au juke-box, le plus jeune qui lui fait un signe de tête avec un sourire, le chien qui rentre dans le café puis plus personne jusqu'à la fin de l'après-midi) apparaissent un professeur de philosophie qui corrige ses copies et des employés bruyants d'une entreprise voisine que la patron appelle "la Compagnie du téléphone".

On apprend, au passage, que si l'héroïne n'est pas "sauvage", elle n'en est pas pour cela grégaire:
Moi, chez Barker's, je ne me souvenais pas d'une seule occasion où j'avais pris un repas avec mes collègues. Je ne m'étais liée qu'avec la fille blonde qui tenait le rayon voisin du mien. Parfois, je l'accompagnais à une séance de cinéma.
On apprend également qu'elle est allée au Lycée Hélène-Boucher (vers la Porte de Vincennes, donc à l'autre bout de Paris) et ensuite à l'école Pigier où elle a appris la sténo et la dactylo. Jusqu'à maintenant elle a mené une vie aux plaisirs simples, sans jamais se poser la question du sens de la vie. Ses plaisirs, entre autres : le grand-huit parce qu'elle aimait avoir le vertige. Elle a toujours eu un faible pour les chiens et les chevaux.

Rapidement le professeur de philosophie (on apprendra son nom plus tard : Michel Kérourédan) va devenir un personnage important de la nouvelle.
(Le nom Kérouredan existe, il n'a pas été inventé par Modiano, d'après un site internet il y a 308 Français qui portent ce patronyme. Il semble, d'après la répartition des Kéréroudan que ce soit un nom d'origine bretonne, La finale en -an et l'abondance des noms à consonance étrangère chez Modiano m'avaient fait penser (et peut-être dire en cours) que c'était un nom arménien.Un mensonge (elle cherche du travail) la conduit à entrer dans le cercle des disciples du Docteur Bode.

Sur le Docteur Bode (personnage imaginaire), ainsi que sur un personnage semblable, le Docteur Bouvière (dans Accident Noctune), le Dictionnaire Modiano nous apprend que le modèle a été Gurdjieff :

GURDJIEFF Georg Ivanovitch
Jérôme Garcin – Dans «Des inconnues» (1999), il y avait un certain docteur Bode dont vous écriviez que «la vérité et la sagesse sortaient de (sa) bouche». Ses disciples formaient une sorte de secte philosophique où il était question de «travail sur soi» et de «clé d’octave». Le docteur Bouvière, p. 34, ressemble au docteur Bode..

Patrick Modiano - Pour les deux, j’ai pensé à Gurdjieff. Autour de ses livres, de sa pensée, remis au goût du jour par le New Age, gravitaient dans les années 1960 des gens vraiment bizarres qui prétendaient détenir la vérité. C’est l’époque où j’étais en pension en Haute-Savoie. On m’avait raconté que, dans la montagne et les sanatoriums de Praz-sur-Arly, s’étaient retrouvés autrefois des écrivains vulnérables comme Jacques Daumal et Luc Dietrich, qui étaient très influencés par la spiritualité et l’ésotérisme selon Gurdjieff. J’étais frappé par le fait que ses disciples étaient souvent recrutés chez des intellectuels qui se trouvaient dans un état physique désespéré. Après la guerre, de gens comme Louis Pauwels et Jean-François Revel se sont encore réclamés de cet homme, dont il ne faut pas oublier qu’il est tout de même responsable de la mort, en 1923, de Katherine Mansfield.
Jérôme Garcin, Rencontre avec P Modiano, Le Nouvel Observateur, 2 octobre 2003
Dans la brochure (Le rappel de soi) que Kérourédan donne à l'héroïne se trouve une photo : Kérourédan et un membre de son groupe, Gianni. Cette photo trouvée lui rappelle la photo perdue d'elle et de René. Elle a remarqué que dans ce livre, ne figuraient ni le mot bonheur, ni le mot amour.

16 novembre 2006

Des cartes du quartier

De la place d'Alleray à la rue Chauvelot (parcours conseillé en voiture : par la rue de Brançion).Le Parc Georges Brassens (autrefois les abattoirs de Vaugirard, le rue des Morillons, la rue Castagnary)
La rue de Cronstadt, qui conduit droit aux abattoirs.
La Porte de Vanves ou Michel Kerourédan prend le car pour aller donner ses cours de philosophie, et le Boulevard Lefebvre, où se trouve le café Terminus où les "tueurs" ne vont pas.
L'Église saint-Antoine-de-Padoue se trouve Boulevard Lefebvre.En béton ? en briques ?D'autres photos de l'église se trouvent ici

13 novembre 2006

L'été indien


L'expression "l'été indien" qui revient plusieurs fois dans la première nouvelle, la voici pour qualifier le climat japonais (région de Tokyo, mais aussi celle de Nagoya) à partir de fin septembre.

05 novembre 2006

En marge du cours du 4 novembre...

Voici un tableau qui nous renseigne sur la consommation de viande de cheval en France entre 88 et 98.

On voit qu'elle est de moins en moins consommée ; que c'est la plus chère des viandes, un peu devant le veau ; que les Français en consomme 600 gramme par an et par personne (per capita, cf. le latin caput, capitis, la tête ; quant à équidé, encore une origine latine : equus, us : le cheval).
Il faudrait néanmoins voir l'impact de l'épidémie de la vache folle sur la consommation de viande chevaline.
Ci-dessus, la mosaïque dont je vous ai parlé : une ancienne boucherie chevaline, à Paris, dans le quartier du Marais, dans une rue parallèle à la rue Saint-Antoine ou la rue de Rivoli.

Monsieur Ito a cherché lui aussi des informations sur la consommation de viande de cheval.
Il a trouvé ces données du ministre l'agriculture du Japon :

La consommation française en 1999 atteignait environ 30 000 tonnes.
C'est la plus forte consommation mondiale devant la Suisse.

03 novembre 2006

Cours du 28 octobre

Le 28 octobre, nous avons balisé à grands traits la troisième nouvelle du livre. Résumé.

• Il s'agit d'une jeune fille. Elle a 19 ans. Son nom nous est inconnu. Elle raconte son histoire, une histoire qui commence peut-être en janvier 1968. En tout cas, après la sortie de A Whiter Shade of Pale,

la chanson de Procol Harum, qui date de 1967. Et comme il n'y a aucune allusion à mai 68, on peut penser qu'elle se situe en janvier 68. Comme la première nouvelle, comme La Petite Bijou, c'est un récit raconté plusieurs années après qu'il s'est passé ("J'ai le souvenir d'un sentier aux odeurs de tilleul. Les années suivantes et jusqu'à maintenant, je n'ai plus jamais eu l'occasion de revenir dans ce quartier.")

• L'héroïne est française, mais elle habitait à Londres. Elle travaillait comme vendeuse dans un magasin - Barker's- à Notting Hill. Elle a été licenciée après y avoir travaillé un an et demi.

• Elle habite dans l'atelier d'un peintre autrichien, qu'elle a rencontré, et qui lui a proposé de garder son atelier, rue Chauvelot (XVè arrondissement) pendant qu'il va à Majorque (île espagnole de la Méditerranée). Elle est seule dans cet atelier.

Comme toutes les héroïnes de Modiano que nous connaissons, elle connait une crise d'angoisse. Elle ne supporte pas la foule, celle du métro par exemple. Ni la lumière. Ni le silence.
• La première nuit qu'elle passe dans l'atelier, elle entend des bruits de sabots de chevaux. Elle aime aller dans un café (le Terminus), elle y reste longtemps. C'est là qu'elle apprend que ces chevaux qu'elle entend sont ceux qu'on mène aux abattoirs - les abattoirs de Vaugirard (actuellement le parc Georges Brassens) [photo ci-contre, l'entrée des abattoirs].

• Il est question d'un certain René. Elle ne le reverra certainement plus. On ne sait pas pourquoi il a dû partir. Il y avait un chien. C'était un moment heureux de sa vie. De ce moment, il ne reste rien. Il aurait pu rester une photo. Un photographe ambulant, comme il en existait autrefois, quand les appareils photos étaient chers et rares, avait pris une photo d'eux trois, dans une rue de Londres quelques jours avant que René ne parte. Elle n'a jamais pu récupérer cette photo, à cause du vendeur du magasin qui ne voulait pas la chercher.

• Elle fait la connaissance d'un professeur de philosophie qui corrige les copies de ses élèves dans le café. Il enseigne dans une école privée. Il n'a jamais passé sa licence de philosophie. Il lui propose de taper à la machine les textes d'un groupe de personnes qui suite l'enseignement du docteur Bode. Une sorte de secte. Le docteur Bode a écrit un traité qui s'appelle In Search of Light and Shadow. Elle sera intégrée à leur groupe et s'y sentira bien malgré l'étrangeté de tous ces gens et de leurs propos.

02 novembre 2006

Photographes et photographies

Walter (dans Des Inconnues 1) est photographe. Les dernières lignes de la nouvelles nous apprennent son projet :
Walter disait qu'il voulait faire un reportage sur les gens qui disparaissent à Paris. Il essaierait de prendre des photos la nuit, dans les commissariats. Ils ne s'apercevraient de rien. Au dépôt. Dans les fourrières. À la Morgue.

Dans Des Inconnues 3, un photographe ambulant a pris en photo l'héroïne, René et le chien. Cette photo irrécupérable (à cause, pense-t-elle de la méchanceté du vendeur du magasin - un brun d'environ trente ans, l'air dédaigneux - de King Street où elle doit la récupérer) serait une preuve tangible de son bonheur passé.
René n'était plus là. Il y avait peu de chance pour que je le revoie jamais. Tous les moments que nous avions passés ensemble avaient basculé dans le vide. On avait voulu supprimer la seule trace de notre existence, à René, à moi, au chien, la seule image où nous étions réunis.
Dans Les Boulevards de ceinture, une photo (son père et deux louches acolytes au bar d'une auberge dans la banlieue de Paris) permet de démarrer le récit - qui se termine par la remise de cette photo au narrateur par le barman du lieu où elle a été prise, pendant l'occupation.

Le narrateur de Dimanches d'août est un ancien photographe. (Une étude de ce roman est accessible ici)

La jeunesse, l'autobiographie, le romancier...

J'ai rajouté un lien dans la colonne de gauche, "afp" (ce qui signifie "Agence France Presse") qui renvoie sur une page qui rassemble quelques propos de Modiano.
Par exemple :

- Autobiographie: "Il y a quelque chose de bancal dans l'autobiographie parce qu'on ne peut jamais vraiment se voir soi-même (...). Pour arriver à une plus grande justesse, il faut avoir recours à la fiction".

- Ses livres: "Les trucs que j'écris, ce ne sont pas vraiment des romans, ce sont des segments, des trucs que j'ai pris, malaxés".

- L'écriture: "Je suis stupéfait d'entendre des écrivains raconter qu'ils écrivent de 8H à 12H et de 14H à 20H! Chez moi, c'est tellement pénible que l'effort ne peut durer qu'une heure ou deux".

- Fait divers: "Je connais à peu près tous les faits divers, depuis 1920 jusqu'à maintenant (...). Si on faisait une radiographie de mes romans, on verrait qu'ils contiennent des pans entiers de l'affaire Profumo ou de l'affaire Christine Keeler ou du rapt du fils Peugeot".
On sait que tous les héros de Modiano sont jeunes. Dans les Inconnues, 18, 19 ou 20 ans. Dans accident nocturne, le héros sort de l'adolescence... ce qui ne les empêche pas d'avoir déjà derrière eux une lourde histoire. Il fait une réflexion, à propos des écrivains actuels, qui éclaire son choix de héros jeunes et de fictions situées dans un passé révolu (de l'Occupation aux années 70) : "En fait, je me trompe peut-être: maintenant la jeunesse dure plus longtemps".
Dans les dernières décennies, la jeunesse aurait donc gagné en longévité ce qu'elle a perdu en intensité.

29 octobre 2006

Le rire

Dans la première nouvelle, devant la fanfare qui joue la musique d'une vieille chanson comique et qui bloque la voiture qui les emmène en Suisse, Guy Vincent et l'héroïne éclatent de rire.
Que signifie ce rire ?
Aujourd'hui, j'ai écouté une émission avec l'historienne Jacqueline de Romilly et elle parle du rire (entre elle et sa mère) et elle explique très bien ce que signifie ce rire. Une définition qui conviendrait au rire de l'héroïne de Guy Vincent et de l'héroïne, aussi bien qu'à celui de la petite Bijou et de Moreau-Badmaev. Écoutez...


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"Le rire est, dans une large mesure, le résultat d'une totale intimité avec quelqu'un et que les choses sont partagées avant même d'être tout à fait exprimées."

26 octobre 2006

Lectures

J'ai profité de la semaine d'interruption des cours pour relire un roman de Modiano, qui date de 1972, Les boulevards de ceinture, que j'ai eu la chance de trouver sur Amazon Japan, d'occasion, pour 500 yens (+ 340 yens de port). J'ai commencé aussi à relire Incident nocturne
Plus on lit de romans de Modiano, plus on les entend comme des variations, quasi musicales, autour de quelques thèmes.
Les similitudes entre Les Boulevards de ceinture et les nouvelles des Inconnues sont nombreuses. Comme s'il s'agissait d'une même matière toujours retravaillée.

Voici quelques notes et extraits :
• Le roman se passe dans la région parisienne pendant les "temps troubles" de l'Occupation.
• Un des personnages se prénomme Guy. Mais son prénom est peu souvent cité parce qu'il a un surnom. Le héros aussi a pris un faux nom ("Serge Alexandre" : un nom formé de deux prénoms, comme "Guy Vincent").
• Son père (qu'il n'a jamais connu) va le chercher dans un pensionnat, à Bordeaux, où le héros "moisit". Son père est très fier que son fils ait le baccalauréat. Il garde sur lui, dans son portefeuille, une copie du diplôme. Un jour, quand il sera contrôlé par la police, il montrera le diplôme à la police comem si cela pouvait remplacer ses papiers d'identité.
• Il s'intègre dans un groupe de gens louches qu'il déteste (des collaborateurs, des profiteurs du marché noir) parmi lesquels se trouve son père qu'il veut retrouver et sauver. Ces gens lui donnent la nausée : "j'ai peur de perdre connaissance", il a peur de vomir... (comme l'héroïne de la première nouvelle des Inconnues). P. 121 : " Dites donc, monsieur Alexandre, vous n'allez tout de même pas tomber dans les pommes !"
• Page 151 :
" Je suis sujet à des pertes d'équilibre de plus en plus fréquentes. Dans mes cauchemars je rampe inlassablement. La soupente que j'habite, boulevard Magenta, servait d'atelier au peintre Domergue, du temps qu'il n'avait pas encore conquis la gloire. Je m'efforce de voir là-dedans un signe de bon augure". (thème du malaise, des cauchemars, du lieu habité autrefois par un autre, de la croyance supersitieuse)
• Il est question d'ombre et de lumière. La première fois qu'il retrouve son père et qu'il marche avec lui, c'est sur une route la nuit, éclairée par des réverbères, et ils passent successivement de zones d'ombre à des zones de lumière.
• Il est question plusieurs fois de la crainte de se faire passer "les menottes".
• Il y a une jeune actrice. Elle porte toujours un manteau de fourrure. Elle est blonde. (Dans les Inconnues I, les manteaux d'astrakan des femmes du salon de thé du pré Catelan. Dans La petite Bijou, c'est la pharmacienne qui a un manteau de fourrure ("Elle avait mis les mains dans les poches de son manteau de fourrure. J'avais envie de lui prendre le bras."). Dans Accident nocturne (voir résumé ci-dessous), l'héroïne porte un manteau de fourrure ("Tout se brouillait dans ma tête. Je m'étais peut-être blessé au crâne, en tombant. Je me suis tourné vers la femme. J'étais étonné qu'elle porte un manteau de fourrure".
• Il y a trois époques dans Boulevard de ceinture : - Le héros a 18 ans : première rencontre avec son père. Quelques mois de vie commune. Jusqu'à ce que son père, un jour de foule dans le métro, essaie de tuer son fils en le poussant sur la voie. - Dix ans plus tard, c'est les derniers mois de l'Occupaton allemande, le héros parvient à retrouver les traces de son père qui est le souffre-douleur d'un groupe louche et antisémite. Il tente de le sauver. Il ne sait pas si son père le reconnaît. - Plusieurs années plus tard, le héros raconte l'histoire d'après ses souvenirs et une photographie. Son père est vraisemblablement mort en déportation, une personne du groupe a été fusillée à la Libération, il ignore ce que les autres sont devenus.
• Page 152 : "Tous ces inconnus, je m'identifiais à eux".


Voici le résumé de Accident nocturne
"Peu avant ses vingt et un ans, le narrateur a été victime d'un accident place des Pyramides : il est renversé par une Fiat vert d'eau, conduite par une jeune femme, Jacqueline Beausergent. En état de choc, il croit reconnaître en cette femme une personne qu'il a déjà rencontrée, beaucoup plus tôt. Ses souvenirs se mêlent et il associe étrangement cet événement à un accident survenu dans son enfance et dont il ne lui reste que des détails confus. S'il retrouve cette femme, le narrateur a le sentiment qu'il apprendra quelque chose d'important sur lui-même, quelque chose qui changera le cours de sa vie.
Un récit proche de l'enquête policière. "

16 octobre 2006

Nouveau ! Un album d'illustrations

J'ai commencé un album d'illustrations en rapport avec le cours. Il se trouve ici :
http://picasaweb.google.com/masseron/Modiano

13 octobre 2006

De Madame Gamo : La première nouvelle, la vie de Modiano et Dora Bruder

De Madame Gamo :
Après avoir lu la première nouvelle, j'ai remarqué des éléments basés sur "Dora Bruder", pourtant comme je n'ai pas ce livre avec moi maintenant, je ne sais pas si c'est exact.

* le pensionnat → Dora s'est évadée (2 fois?) ; Modiano a vécu aussi en pensionnat quand il était jeune.
(Oui, notamment à Annecy, près de la Suisse. Et son père l'a envoyé en pension à Bordeaux. Mais il n'est resté qu'une seule nuit dans ce pensionnat et s'est échappé pour rentrer à Paris)

* Pascale → la mère de Modiano était actrice. (Selon la postface de la traduction japonaise de Dora Bruder, elle a joué dans "Bande à part" de Godard).

* Le travail de Guy → le père de Modiano a fait du marché noir sous l'occupation.

* L'arrestation de Guy → non seulement le père de Dora et celui de Modiano, mais beaucoup de Juifs ont été arrêtés.

Et comme on voit l'épisode de Guy et l'écrivain, c'est évident que Modiano s'oppose aux conservateurs. Mais je pense que cette héroïne vit d'une maniere passive et abandonnée : p.11 "ma vie se jouerait à pile ou face" ; p.13 : "j'étais bien décidée à me conformer à tout ce que voulait monsieur Pierre" ; p.18 : "j'étais assise avec eux et je n'osais pas ouvrir la bouche", etc. Et finalement elle espère rester une inconnue, non identifiée...
____________________________
Voici les premières lignes de Dora Bruder :
(En japonais, le titre a été traduit ainsi : 1941年。パリの尋ね人 )

Il y a huit ans, dans un vieux journal, Paris-Soir, qui datait du 31 décembre 1941, je suis tombé à la page trois sur une rubrique : « D'hier à aujourd'hui ». Au bas de celle-ci, j'ai lu :
« PARIS - On recherche une jeune fille, Dora Bruder, 15 ans, 1 m 55, visage ovale, yeux gris-marron, manteau sport gris, pull-over bordeaux, jupe et chapeau bleu marine, chaussures sport marron.
Adresser toutes indications à M. et Mme Bruder, 41 boulevard Ornano, Paris. »
Ce quartier du boulevard Ornano, je le connais depuis longtemps. Dans mon enfance, j'accompagnais ma mère au marché aux Puces de Saint-Ouen. Nous descendions de l'autobus à la porte de Clignancourt et quelquefois devant la mairie du XVIIIè arrondissement. C'était toujours le samedi ou le dimanche après-midi.
En hiver, sur le trottoir de l'avenue, le long de la caserne Clignancourt, dans le flot des passants, se tenait, avec son appareil à trépied, le gros photographe au nez grumeleux et aux lunettes rondes qui proposait une « photo souvenir».

Et les dernières :

Depuis, le Paris où j'ai tenté de retrouver sa trace est demeuré aussi désert et silencieux que ce jour-là. Je marche à travers les rues vides. Pour moi elles le restent, même le soir, à l'heure des embouteillages, quand les gens se pressent vers les bouches de métro. Je ne peux pas m'empêcher de penser à elle et de sentir un écho de sa présence dans certains quartiers. L'autre soir, c'était près de la gare du Nord.

J'ignorerai toujours à quoi elle passait ses journées, où elle se cachait, en compagnie de qui elle se trouvait pendant les mois d'hiver de sa première fugue et au cours des quelques semaines de printemps où elle s'est échappée à nouveau. C'est là son secret. Un pauvre et précieux secret que les bourreaux, les ordonnances, les autorités dites d'occupation, le Dépôt, les casernes, les camps, l'Histoire, le temps - tout ce qui vous souille et vous détruit - n'auront pas pu lui voler.


01 octobre 2006

Mea culpa

•• J'ai dit, dans l'entrée précédente, que l'histoire de la première nouvelle ne durait que trente jours. Ce n'est pas exact. Voici le passage :
C' [l'endroit où habitait Guy Vincent] était tout près du restaurant chinois de la veille. L'hôtel du Berri, rue Frédéric-Bastiat. J'ai demandé « Monsieur Guy Vincent» à la réception. Une femme brune au tailleur très strict devant laquelle je suis passée chaque jour et j'ai l'illusion que cela a duré longtemps, toute une période de ma vie. Mais si je réfléchis bien, à peine trente jours.
"À peine trente jours", c'est la durée de la liaison entre l'héroïne et Guy Vincent. Donc l'histoire dure davantage : la courte période lyonnaise + la période parisienne jusqu'à la rencontre de Guy Vincent + un peu moins de trente jours. Je ne sais pas s'il y a d'autres éléments dans l'histoire qui permettent de connaître plus précisément sa durée totale (on cherchera), hormis le fait que pendant ces trente jours, à Genève, il y avait du brouillard et que le temps ait été à la neige, loin de "l'été indien"...


•• Sur la carte ci-dessous (vous pouvez trouver des cartes comme celle-ci, voir des itinéraires, etc. avec Google Map), on voit où se trouvent la rue Frédéric Bastiat (à droite) et la rueVineuse (à gauche). Mais le parcours dessinée est celui qui est conseillée en voiture... L'héroïne, grande piétonne - comme tous les pernonnages modianesques-, passe par l'Étoile.

•• Au prochain cours, je me tairai pour laisser le temps à Mlle Ema de continuer son excellente présentation de la partie de la semaine dernière et Mary-Jane nous parlera de la fin de la première nouvelle.
Pour le 14, réfléchissez aux éléments qui se repètent dans cette nouvelle. Quel sens peut-on leur donner ? Coïncidence ou pas ?
Par exemple, les chaussures (celles que l'héroïne achète pour son rendez-vous à l'agence de mannequin, celles qu'elle achète à Genève, ce que Guy Vincent dit des chaussures...) ou bien : dans la pièce de théâtre, il neige et à Genève, l'héroïne craint qu'il neige... Il y a deux "consuls" dans l'histoire... etc.
Pour faire facilement des recherche de vocabulaire, vous avez intérêt à sauvegarder le texte, dont je vous ai donné l'adresse sur Writely, en format pdf, comme cela :Ensuite la recherche est ultra-simple !

*Mea culpa : voir ici

27 septembre 2006

Un résumé de la partie du 16 septembre

Voici un résumé des actions de la partie que nous avons étudiées le 16 septembre, que nous a présentée M. Ito.
(Il est possible que j'aie oublié des choses parce que je l'ai fait d'après des notes sans regarder le livre. N'hésitez à me corriger ou à ajouter des éléments absents qui vous semblent importants.)
  • L'héroïne sort de l'agence de la rue Groslée, dépitée.
  • Elle traverse le pont sur la Saône, arrive devant le couvent des Lazaristes.
  • Elle fait demi-tour, entre dans un café, téléphone à Mireille Maximoff (elle n'est pas chez elle).
  • Le lendemain soir, elle prend le train de nuit pour Paris (demi-sommeil, arrêt à Dijon, rêves).
  • Elle attend qu'il soit 10 heures dans un café de la Gare de Lyon pour téléphoner à Mireille Maximoff.
  • Elles se retrouvent dans un café place du Trocadéro. Elle lui raconte son aventure, elle fond en larmes. Mireille lui raconte comment elle a raté son bac.
  • Mireille Maximoff la console et l'héberge "chez elle", au bout de la rue Vineuse.
  • Première nuit rue Vineuse, pas de cauchemar.
  • Les jours suivants, Mireille l'emmène à Saint-Germain et au Nuage, à la Malène, avec une bande d'amis.
  • Elle se promène au Pré Catelan (dans le bois de Boulogne)
  • Elle croise l'amant de Mireille Maximoff dans l'escalier, mais ne lui en parle pas.
  • Mireille apaise les crainte de la jeune fille sur son avenir et sur sa peur d'être chassée de l'appartement par ses vrais propriétaires. Mireille Maximoff lui dit qu'elle devrait se trouver un amoureux.
  • Mireille Maximoff lui raconte son arrivée à Paris, venant de Bordeaux et accueillie par une femme grâce à qui elle a connu son mari.
  • Mireille l'emmène voir une pièce de théâtre à laquelle elle ne comprend rien, puis dans un café, avec la bande, où les rejoint une comédienne de la pièce, Pascale, et le metteur-en-scène de cinéma qui veut la faire jouer dans son prochain film, qu'il leur raconte et auquel l'héroïne de la nouvelle ne comprend pas grand chose non plus.
  • Il vont à La Malène. Elle voudrait sortir de la voiture pour marcher (mais sans doute Mireille l'en empêche)
  • Un dimanche soir, ils sont dans un atelier près de Parc Montsouris. Elle s'enfuit de la soirée et rentre seule rue Vineuse (qui se trouve à l'autre bout de Paris). Inquiétude de Mireille, qui est rentrée avant elle. elle lui dit "tu dois avoir un grain".
  • Un autre dimanche, ils mangent dans un restaurant chinois sur les Champs-Elysées. Elle revoit l'amant de Mireille Maximoff, accompagné d'un garçon qui se fait appeler Guy Vincent.

25 septembre 2006

16/9 : Établir la chronologie de l'histoire

Ça se passe en 1953
La première nouvelle commence par "cette année-là". Quelle année ?
On peut la dater grâce à un fait décrit plus loin :
"L'écrivain au nœud papillon dédicaçait son livre. Il en a pris un sur la pile. Ça s'appelait: Vivre à Madère".
L'écrivain : il s'agit de Jacques Chardonne, auteur du roman "Vivre à Madère", publié en 1953. (Il est mort en 68).
Donc l'histoire se passe en 1953.
Autres détails qui confirme cette date : Le Saint-Germain décrit (les caves, etc.) rappelle le Saint-Germain "existentialiste" de l'après-guerre et du début des années 50.
1953, c'est aussi un an avant le début de la guerre d'Algérie (1954-1962).

La narratrice raconte cette histoire en 1983
Plus loin : "Quelquefois, dans mes rêves, il pousse la porte et il entre, les cheveux toujours aussi noirs après trente ans".
Cette indication nous permet de dater le moment de la narration (l'époque où l'histoire est racontée) : 1983 (environ).
Page 20 : "Là où je suis maintenant, il n'y a plus d'automne. Un petit port de la Méditerranée où le temps s'est arrêté pour moi."
L'héroïne habite maintenant au bord de la Méditerranée. Dans un pays étranger ("L'autre jour, je me promenais près du port, dans ce pays où je n'ai pas souvent l'occasion de parler français avec quelqu'un". Page 30)

L'histoire dure un mois
"J'ai l'illusion que cela a duré longtemps, toute une période de ma vie. Mais si je réfléchis bien, à peine trente jours."
(Amusant à vérifier : dans ces trente jours, combien de dimanches ?)

Chronologie de l'année 53
• Janvier-juin : dactylo ("En janvier, j'avais été engagée pour six mois comme dactylo")
• Juillet et/ou août : Torremolinos ("J'étais partie en vacances à Torremolinos, au sud de l'Espagne")
• Septembre-octobre : Paris, "L'automne est venu plus tôt que d'habitude"... "l'été indien"

Par rapport à la vie de Modiano
L'héroïne a 18 ans "cette année-là". Elle est donc née en 1935, soit 10 ans avant Modiano.
Modiano n'a pas connu l'Occupation, son héroïne, si. Et Guy Vincent ("Il avait dix ou quinze ans de plus que moi") était lycéen pendant l'occupation.

L'argent
L'argent est présent dans toutes les nouvelles du recueil. Les héroïnes ne sont pas riches, elles ont besoin de travailler, mais elles côtoient des gens riches.
L'héroïne de la première nouvelle
gagne 600 francs par mois comme dactylo ("D'après elle, c'était payé huit cents francs par mois, deux cents francs de plus qu'à la Société de Rayonne et Soierie").

Le site de l'INSEE (Institut National de la Statistique Economique et Sociale) donne un tableau mesurant le pouvoir d'achat du franc et de l'euro. En 1953, 1 franc valait l'équivalent de 0,01916 euros. À cette époque, il s'agissait d'"anciens francs". Mais la narratrice écrit son histoire trente ans plus tard... Elle pense peut-être en "nouveaux francs" (le "nouveau franc" ou "franc lourd" a été institué en 1960 ; il valait 100 anciens francs).
A cette condition, le salaire de mannequin aurait été de 1530 euros et celui de dactylo de 1150.



17 septembre 2006

Entre le 9 et le 16/9 : いろいろ

On appelle épigraphe les phrases (souvent des citations) que, quelquefois, les auteurs placent au-début de leur livre. Je ne sais pas si la traduction ci-dessous est bonne. La première phrase d'un livre s'appelle un incipit. Mais le mot incipit ne figure pas dans le dictionnaire Petit Royal.

Voic l'épigraphe du premier roman de Modiano, La Place de l'Étoile.

(extrait du site epigraphe).

12 septembre 2006

Notes du cours du 9/9/06

Repères bibliographiques
- Modiano est né en 1945. Son père est un juif originaire d'Alexandrie (en Égypte). Sa mère est flamande. IIs se rencontrent à Paris pendant la guerre.
- Il publie son premier roman en 1968 : "La Place de l'Étoile".
- Dora Bruder, Des Inconnues et La petite Bijou : trois livres qui se succèdent (1997, 1999, 2001) dont les héroïnes sont des jeunes filles. Auparavant, tous les personnages centraux des romans de Modiano étaient des hommes.

Les points communs des trois nouvelles qui composent Des Inconnues
-
Ce sont trois héroïnes, elles sont toute(s) jeunes (la première a 18 ans).
- Elles racontent à la première personne (= en employant je) un moment passé de leur existence.
- On ne connaît pas leur nom.
- Elles sont foncièrement seules. Elles rencontrent une personne grâce à qui elles fréquentent un groupe sans s'y intégrer réellement.
- Il s'agit à chaque fois période d'angoisse. Elles éprouvent un sentiment d'étrangeté au monde, une sorte de malaise.
(on remarquera en cours, au fur et à mesure, d'autres points communs entre les trois histoires)

Les lieux de la première nouvelle
- Lyon (la colline de Fourvière, les quais de la Saône...)
Vous voyez la Saône (à gauche - à droite, c'est le Rhône).
En haut, au centre, vous avez le métro Croix-Paquet - où est située
la "Société de Rayonne et Soierie".
La montée Saint-Barthélémy ("au début de la colline de Fourvière") est bien visible sur le plan et la vue satellite ci-dessous.
Voici une photo de ce que Modiano appelle "le couvent des lazaristes" (NB : elle a été prise un jour de soleil, ce qui change de l'impression produite par la description du roman).
Enfin, voici le parcours pour aller de la montée Saint-Barthélémy, où habite l'héroïne, au 4 de la rue Grolée, adresse de la maison de couture où l'héroïne va passer son "examen" d'embauche.
- Torremolinos (Andalousie, Espagne)
A l'extrême sud de l'Espagne, la pointe qu'on voit, c'est Gibraltar. En face, le Maroc.
Le Maroc était présent dans La petite Bijou.
Ici, quelques photos de Torremolinos et de ses plages.
Dans les années 60 et 70, Torremolinos est devenu une destination
pour le tourisme de masse (beaucoup de constructions en béton,
hôtels bon marché pour les
tour operator...)

Emploi du temps :
1er cours : Présentation, généralités, lecture du début de la nouvelle (jusqu'à p.15 "je n'étais pas digne qu'on demand son avis à Monsieur Pierre").
2è cours : Jusqu'à la page 27 : "Je crois qu'il me l'avait dit avec un sourire ironique comme si nous partagions déjà un secret".
3è cours : Jusqu'à la page 38 : "Nous revenions à l'hôtel".
4è cours : Jusqu'à la fin.